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04/12/01

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Analyse : Les derniers débats en groupes socio-professionnels

Lille la flamande, habituellement plus frileuse, a, une journée encore, reçu la planète citoyenne. Imaginer le monde tel qu'on voudrait le vivre, être réaliste au point d'exiger l'impossible, la réflexion avance. Les participants s'aguerrissent, les joutes oratoires s'organisent. Le milieu de la semaine rime avec le vif du sujet.
Les rapports des différents ateliers socio-professionnels sont disponibles sur le site de l'Assemblée pour ceux qui veulent les consulter. Nous continuons notre survol des discussions.

Enseignants et Universitaires : Après des débuts un peu difficiles, les deux groupes universitaires ont rédigé des propositions. Quelques directions communes apparaissent : L'effacement de la dette est un moyen pour permettre aux Etats de massifier l'enseignement, de base ou supérieur, tout en améliorant sa qualité. L'université doit s'impliquer dans la société actuelle, car elle a un rôle d'anticipation des changements sociaux : construction d'une culture de paix, formation au développement durable... Il faut pour cela notamment promouvoir l'insertion de l'université et des enseignants dans des réseaux d'associations, humains... Cela exige également de décloisonner les savoirs pour mieux aborder les problématiques nouvelles. Il faut enfin préserver le caractère public de l'enseignement pour garantir la place centrale de l'éducation dans la société.

Personnalités politiques : La légitimité des participants est celle de citoyens s'exprimant et débattant ensemble. Il reste que la légitimité des propositions, faites au sein de l'Assemblée de Lille, n'est pas évidente. Comment les personnes n'y ayant pas participé les jugeront-elles ? La condamnation du terrorisme est unanime, mais l'inquiétude est grande de voir que la guerre contre le terrorisme pourrait justifier l'instauration d'un nouvel ordre moral liberticide.

Syndicats : L'enjeu est de passer d'une culture de lutte défensive contre l'injustice dans le monde du travail à une culture de propositions, en lien avec d'autres mouvements. Il s'agit de s'ouvrir plus largement à la société, sans rester trop centré sur son secteur. Les participants ont manifesté spontanément leur culture démocratique en formant un cercle favorisant l'égalité dans la prise de parole et une meilleure écoute.

Journalistes : "L'information est aussi vitale que l'eau que nous buvons". Pour faire lire un journal par un maximum de personnes il faudrait baisser le prix des journaux pour que l'information soit plus accessible, créer un réseau mondial qui soit fait par des gens, pour des gens, et sur les gens, dans le but d'être le plus proche possible d'eux.

Artistes/éditeurs : "Dans la recherche d'unité pour faire face aux défis à venir, il faut attacher autant d'importance à l'innovation qu'à la tradition, afin d'exploiter le potentiel de la diversité culturelle." On observe un déséquilibre entre les hautes technologies, qui se sont développées très rapidement, et les valeurs éthiques qui ont sensiblement diminué.

Paysans/pêcheurs : La mondialisation a transformé les agriculteurs et les pêcheurs en des concurrents obligés de se combattre les uns, les autres, pour survivre. Mais tous sont victimes. Paysans et pêcheurs doivent s'organiser. " Nous ne devons pas seulement adopter une Charte, nous devons l'appliquer ". C'est aux agriculteurs les plus modestes de s'organiser et de ne pas laisser à d'autres le soin de les représenter. C'est un enjeu de démocratie.

Autorités locales : La démocratie locale est le lieu commun de toute l'humanité. Les autorités locales revendiquent les moyens de leurs responsabilités. Des moyens matériels car c'est sur le terrain local que se gagnent les combats contre la pauvreté, la maladie, la faim, l'inculture. Des pouvoirs à la hauteur des enjeux : Les autorités locales doivent pouvoir devenir les interlocuteurs à égalité des décideurs économiques, des pollueurs, de ceux qui d'une façon ou d'une autre mettent à mal l'environnement : " il ne devrait pas y avoir de prescription pour les crimes écologiques " revendique le groupe.

Fonctionnaires internationaux : La Charte de Nations Unies a été adoptée il y a cinquante ans. A bien des aspects elle ne correspond plus aux nécessités d'une démocratie moderne. " D'une certaine manière elle reconnaît aux Etats le droit de guerre ! " Mais faut-il une nouvelle Charte, alors que certains pays attendent encore comme une libération la mise en pratique des Conventions existantes. Pour beaucoup une Charte ne peut pas se borner à des déclarations d'intention, elle doit intervenir dans les actes concrets de la vie des citoyens.

Jeunes : Nacéra Aknak-Khan est algérienne et mariée à un indien. Elle sait dire toute l'importance de l'écrit dans la formulation collective des valeurs universelles. La rédaction d'une charte des responsabilités humaines est le résultat d'un processus de réflexion mené depuis quatre ans, avec cette certitude que certains concepts ou principales ne peuvent avoir de portée réellement universelle en raison de la diversité des cultures. L'idée du contrat ou du pacte commun semble être acquise aujourd'hui. Pour dire ensemble, par exemple et par écrit, que nous devons nous sentir responsables dans la construction de nos sociétés.

Habitants : L'exigence d'une répartition plus juste des richesses transparaît dans le débat porté localement par les habitants sur la privatisation de l'économie et des services. Au Sri Lanka, la privatisation du service de ramassage des ordures ménagères peut contribuer à offrir un travail aux plus démunis. Aux associations de prendre en charge l'organisation de la collecte, par délégation des pouvoirs publics. L'obstacle est celui de la récupération des politiques locales par les entreprises nouvellement privatisées. Les habitants n'ont plus leur mot à dire, les plus pauvres se sentent exploités, les entreprises fixent leurs prix en fonction des seules lois du marché.


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