L'Assemblée au jour le jour

02/12/01

- Editorial
- Analyse
- Brèves

 


Assemblée > Médias > 02 décembre 2001

L'Assemblée mondiale en appelle à un nouvel ordre mondial, fondé sur la Paix.

Sur la scène, les roulements des tambours, aux accents de tam-tams africains, ont perdu leurs sonorités militaires pour devenir les instruments d'une solidarité que tous les citoyens réclament.
Un mot suffirait à résumer cette première journée d'assemblée mondiale. Celui de "paix". Il n'est pas très difficile à traduire. Parmi les 400 citoyens invités à se présenter dimanche au Palais des Congrès de Lille il n'en est pas un seul qui ne l'ait compris.

Et pourtant la guerre est là. On est tenté de dire presque inévitable, surtout après les attentats du 11 septembre qui ont réduit à néant les efforts de rapprochements entrepris par les innombrables militants de la paix. "Faire la guerre est toujours plus facile que faire la paix", déclare Michel Rocard ancien Premier ministre français. Le repli sur soi est toujours la solution de facilité.
Mais nous sommes entrés dans une société de mondialisation. "Ce sera l'organisation mondiale ou rien" affirme M. Valaskakis, fondateur du club d'Athènes pour une nouvelle gouvernance mondiale. La globalisation, ajoute-t-il, n'est pour l'instant qu'économique : "Le monde sans frontières est devenu un monde sans règles". "Un monde sans justice" ajoute Brigalia Bam, "sans partage des richesses". Or, ajoutent dans une déclaration à deux voix Ramu et Calita Randas, "Tant qu'il y aura l'injustice, le monde est condamné à l'insécurité".
Tous les " grands témoins " venus apporter leur voix à l'assemblée ont plaidé pour une organisation mondiale. "La patrie monde", telle que l'appelle le philosophe Edgar Morin. "Une Athènes éthique et démocratique" que décrit Simon Valaskakis. Georges Bertoin, conseiller de Jean Monet, suggère que "nous devons faire surgir de ce chaos des affrontements une nouvelle organisation mondiale, comme nous avons pu faire surgir l'Europe de plusieurs siècles de guerre". Et le diplomate Stéphane Hessel en appelle aux organisations mondiales pour qu'elles créent un nouvel ordre et fassent admettre aux Etats "qu'ils doivent répondre aux aspirations de leurs peuples, ce qui, après tout, est leur intérêt".
Pour y parvenir il faut accepter les autres : "respecter et dépasser les différences est une tâche aujourd'hui pour toute l'humanité", affirme la juriste chinoise Zang yang Ling. "Les pouvoirs doivent respecter les qualités des individus" ajoute Brigalia Bam présidente de la Commission électorale d'Afrique du sud pour qui l'idéal de paix est indissociable d'un idéal de justice.

Pas d'autre choix que la paix

Les paroles de quelques acteurs forts prennent toute leur signification. Comment ne pas entendre, dans le contexte actuel, le message des rescapés d'Hiroshima tel que le raconte M. Kurohawa président du centre de la Paix : "Les rescapés d'Hiroshima ont refusé la voix de la vengeance et se sont unis pour porter le désir des citoyens de vivre désormais dans un monde sans armement nucléaire" ? Les représailles conduisent à la guerre et non à la paix. L'affirmation de la Russe Valentina Menilkov est tout aussi forte. "Les mères ne veulent simplement plus de la guerre pour leurs fils. Elles seules dans une Russie déchirée ont pu faire passer la volonté des femmes du respect des droits des personnes". Mais on doit aussi retenir le message du Colombien Francisco de Roux. Il a vu mourir, assassinés, ses plus proches amis et collaborateurs, dans son combat pour la paix et la dignité de paysans exploités par les trafiquants. "Nous avons choisi de faire la paix, parce que nous n'avions pas d'autre choix ", dit-il. Faire la paix, c'était comme l'ont affirmé plusieurs militants au péril de leur vie, "faire l'amour à la peur". Mais cela seul permettait de redonner aux hommes une dignité qu'ils portent en eux même. "Nous sommes venus à Lille, parce nous avons besoin de sentir que nous ne sommes pas seuls et que nous sommes des milliers à vouloir cette dignité humaine ".
------------------------------------


Mis à jour le