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logo globe     Caravane: Lettre de Liaison de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire
Numéro 2 Décembre 1998

Sommaire
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Mondialisation et Alliance des Peuples
Vers une socio-économie solidaire

De nouvelles pratiques d'échange, à la frontière de l'économique, du social et de l'éthique

Le mode de pensée dominant tend à faire passer le marché comme la forme moderne et supérieure de l'échange, et donc à voir en la monnaie la meilleure médiation de celui-ci. Celui-ci offre l'avantage de la simplicité des transactions et de la caducité de l'échange monétaire : une fois payé le bien ou le service, il n'existe plus d'obligations entre les parties. Les inconvénients de la monnaie sont les corollaires de ses avantages : son introduction dans une sphère de la vie sociale ou dans une communauté peut dénouer des liens maintenus jusque là par un tissu complexe d'obligations partagées. Or il est difficile de rétablir des liens qui ont disparus. La monétarisation entraîne souvent par ailleurs la concentration des revenus et du capital, et la disparition d'obligations sociales ou écologiques, avec pour résultat la rupture du lien social ou des dommages environnementaux (des 'externalités') dont le producteur ou le consommateur doivent rarement rendre compte. Cependant, tout au long de notre vie, nous accomplissons des actes non-marchands de production et de reproduction, dans le cadre par ezemple de relations familiales et amicales, la gestion des tâches domestiques, l'éducation des enfants, la participation à la vie locale et civique... De multiples formes d'échanges coexistent donc dans la vie sociale avec la sphère du marché.

Au cours des dernières années de nouvelles formes d'échange sont apparues dans les sociétés du Nord et du Sud, qui relient des sphères de la vie sociale séparées par le monde moderne : l'économie, le lien social et l'éthique. Le chantier Socio-Economie Solidaire de l'Alliance (pour une description du chantier SES, voir l'article) s'efforce d'analyser ces pratiques qui parvienne à subvertir les lois du marché pour les mettre au service d'une économie plus humaine.

Les Systèmes d'Echange Locaux

Finalement, les sociétés les plus 'modernes' parviennent à recréer du lien social et des échanges non marchands là même où le marché avait affirmé sa domination. Les Systèmes d'Echange Locaux (SEL, Local Exchange and Trade Schemes -LETS- dans les pays anglo-saxons)1 se sont par exemple multipliés au cours de cette décennie dans les pays riches du Nord, où la bonne santé du marché avait détruit la vie locale. Certains pays du Sud, comme l'Inde, le Népal et le Mexique compte également des SELs. Il y en aurait plus de mille à travers le monde.

Un SEL permet à des gens d'un même quartier, d'une même ville ou d'un même canton de se rencontrer et d'échanger des biens et des services sans recourir à une monnaie officielle, mais par le biais d'un catalogue (ou bulletin) rassemblant les offres et les demandes de biens et services et une procédure d'endettement multilatérale. L'esprit SEL souligne la convivialité et la découverte de l'autre, de ses talents, ses capacités et son être social, indépendamment de leur valeur marchande. Selon un participant, adopter le SEL " c'est choisir que le lien est plus important que le bien, c'est la frontière qui fait passer de l'échange marchand au don ". Le SEL permet aussi d'éviter l'hémorragie des ressources locales, l'inflation, le paiement d'intérêts et la concentration des richesses.

A travers le SEL, les sociétés des pays riches retrouvent certains ingrédients qui ont fait le succès de systèmes décentralisés de finance dans les pays traditionnels, qu'ils soient spontanés (tontines) ou pensés par certains acteurs à partir de la réalité locale (Grameen Bank au Bangladesh). Les SELs sont la preuve que les tensions à l'ouvre dans le monde contemporain ne s'exercent pas de manière différente au Nord et au Sud, mais traversent cette frontière.

Les Réseaux d'Echange Réciproques des Savoirs

Les réseaux d'échange réciproques des savoirs opèrent selon une logique similaire, mais dans un champ spécifique, celui des savoirs. Ils reposent sur une intuition - " tout le monde sait quelque chose, peut le transmettre et beaucoup de gens ont envie d'apprendre quelque chose ", et sur plusieurs principes de base : la parité et la réciprocité dans l'apprentissage des savoirs, et le respect de la pluralité des savoirs et des modes d'apprentissage. Il s'agit de favoriser la circulation des savoirs, la coopération et la réciprocité, plutôt que l'élitisme et la rétention des savoirs caractéristiques de nos sociétés et du type d'enseignement dominant. En France 80 réseaux sont fédérés au sein du Mouvement des Réseaux d'Echange Réciproque des Savoirs (MRERS)2. Là où ils existent, ces réseaux aident eux aussi à la reconstitution du lien social. L'idée a également germé il y a quelques années au Brésil, où elle a pris la forme d'une Université Mutuelle s'inscrivant dans une démarche de citoyenneté active. De nouvelles possibilités de l'échange réciproque des savoirs apparaissent : l'intégration de la démarche d'éducation populaire, l'intérêt de cette démarche pour la formation à la citoyenneté et la pratique politique.

Le Commerce Equitable

Le Commerce Equitable s'efforce depuis les années 1980 de contourner l'échange inégal entre petits producteurs de matières premières au Sud (café, cacao, banane,.) et les grands consortiums du Nord qui leur achète ses produits. Le respect de certains principes (prix minimum et avances sur récolte principalement) permet à l'acheteur de figurer sur un registre international et lui donne le droit d'utiliser un label de commerce équitable, reconnaissable par le consommateur. Le commerce équitable transforme ainsi le banal acte d'achat en un acte éthique, responsabilisant son acteur. Le commerce équitable s'est étendu depuis son apparition à de nouveaux produits. Bien qu'il ne représente qu'une part minoritaire de la vente de ces produits, il peut être crédité pour certaines améliorations apportées dans les termes de l'échange des produits concernés.

L'Economie Solidaire

L'économie solidaire désigne une constellation de pratiques et d'institutions d'un type nouveau, liant les fonctions habituelles de l'économie (épargne, investissement, crédit) à la solidarité, deux sphères habituellement séparées. Elle inclut par exemple des banques solidaires comme la Banque Triodos en Europe, finançant seulement " des projets ou des entreprises qui présentent une valeur ajoutée évidente pour l'homme, la culture et l'environnement ". L'économie solidaire désigne aussi des initiatives plus locales : le développement des services de proximité (Voir encadré ci-contre) ou la mise en place de groupes de crédit solidaire.

P.J.

Agence pour le Développement des Services de Proximité

L'ADSP est un réseau français de services solidaires dont le mission est l'aide à la création, au développement et à la consolidation de services de proximité en milieu rural comme urbain. Les services de proximité peuvent se définir comme " les services rendus aux ménages dans un espace local restreint. Ils concernent autant la santé que l'aide à domicile, le transport, l'accueil des jeunes enfants, l'insertion par l'économique ou l'entretien de l'environnement " (Jean Louis Laville, " Les services de proximité en Europe - Pour une économie solidaire ", Syros, Paris, 1993).

Les initiatives locales soutenues par l'ADSP s'appuient sur des pratiques, des savoir-faire qui valorisent au quotidien d'autres manières de produire, distribuer et consommer les richesses. A leur manière, à leur échelle, les membres de l'ADSP invitent les acteurs locaux à changer leur regard sur l'économie.

ADSP, 76 rue Pouchet, 75017 Paris, France,
Tel.: 00 33 1 42 29 68 97 - Fax: 00 33 1 42 29 93 25 - E-mail: adsp@infonie.fr
Contact: Laurent Fraisse, E-mail: fraisse@iresco.fr

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1 Contacts SEL en France: http://altern.org/sel/; et au Royaume-Uni : http://www.communities.org.uk/lets
2 Contact MRERS: Claire Heber-Suffrin, 25 Allée du valois, 91090 Lisses, France - Tel/Fax: 33-(0)1.60.79.15.41

© 2000 Alliance pour un monde responsable et solidaire. Tous droits réservés. Mise à jour le 24 mai 2000.