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logo globe     Caravane: Lettre de Liaison de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire
Numéro 2 Décembre 1998

Sommaire
bulletCourrier des allié(e)s
bulletEditorial
bulletL'Alliance en Mouvement
bulletUne Alliance ? vue par...
bulletECONOMIE SOLIDAIRE
bulletOasis de l'Alliance
bulletVILLES
bulletArtistes en Alliance
bulletL'Equipe
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bulletREJOIGNEZ CARAVANE
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Bravo et merci pour Caravane. Quels plaisirs : à regarder, à toucher, à lire... J'ai été séduite par toutes les nouvelles venant des 4 coins du monde et interpellée par les deux regards chinois sur la Plate-forme. Je ne pensais pas qu'un recadrage positif sur la modernité et l'économie viendrait de là. Je dois y réfléchir. J'aurais bien quelques lignes à vous transmettre sur le thème de la ville...
Claudine Drion (Belgique)

Je vous remercie infiniment pour l'envoi de Caravane. J'étais très content de recevoir une correspondance qui vient de l'autre bout du monde et qui parle exactement des préoccupations ici en Afrique centrale. (...) Je suis leader paysan et je voudrais partager mes expériences et ma culture avec celle d'Inde et d'autres pays du monde entier. (...)
Jons Temoua (Tchad)

Mes collègues et moi avons beaucoup apprécié la Lettre de liaison de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire. Les informations sur les diverses activités menées dans le cadre de l'Alliance, les deux regards chinois sur la Plate-forme, et l'article sur 'Sols, cultures et Spiritualités' nous ont particulièrement intéressés.
Somapala, Directeur/FCRD (Sri Lanka)

Je vous remercie de m'avoir envoyé le No.1 de Caravane. Je l'ai lu aussitôt de la première à la dernière ligne. Voilà ce que j'attendais depuis que l'idée de l'Alliance a été lancée. Des faits, des points de repères porteurs d'avenir. (...) Bravo aussi pour la mise en page, l'odeur de l'Inde, et les superbes illustrations.
Noël Cannat, Sociologue (France)


Courrier des allié(e)s
Le sacrifice est-il spirituel ? | Citoyen du monde à l'aube du troisième millénaire | Pinochet enfin... | ... Enfin, Pinochet

Suite à la publication du premier numéro, Caravane a reçu du courrier, beaucoup de courrier. Merci à ceux et celles qui ont pris la peine de nous faire part de leurs encouragements, parfois de leurs critiques, toujours constructives.

Nous publions ici des extraits de quelques-unes de ces lettres. Nous reproduisons également un échange émouvant entre deux alliés à propos de l'arrestation du dictateur chilien Pinochet, une réaction à l'article de Bharat Dogra " Le développement spirituel - le lien absent " (Caravane, Septembre 1998), et des extraits d'une longue missive d'un lecteur africain.

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Le sacrifice est-il spirituel ?
Haut de page | Citoyen du monde à l'aube du troisième millénaire | Pinochet enfin... | ... Enfin, Pinochet

Monsieur,

L'article " Le développement spirituel - le lien absent " par Bharat Dogra (Caravane, septembre 1998, p.14-15) traite du besoin de spiritualité des êtres humains, que l'Inde prêche depuis des siècles. Le souci de l'auteur est valide et, sans aucun doute, c'est une question brûlante pour la survie de l'Humanité et des populations dont l'environnement social et écologique est menacé. Je ne souhaite pas ici mettre en question la spiritualité mais évaluer son impact sur nos vies et soulever quelques questions fondamentales.

Malgré tous nos efforts et quantité de sermons sur les mérites de la spiritualité, il se trouve que les gens (y compris nous-mêmes) font des choses qui ne correspondent pas à l'esprit de la spiritualité. Qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi cela ne marche-t-il pas ? Et comment y remédier ? Le moment est venu de considérer sérieusement ces questions, en particulier le pourquoi de cet état de fait.

De nombreuses personnes mènent une vraie vie spirituelle (parfois même sans le savoir). Cependant, des idées vagues et confuses concernant la spiritualité restent largement répandues. Même ceux qui pratiquent sont parfois confus quant à leurs croyances et leurs actions, tandis que la majorité des gens pensent que la spiritualité n'est pas leur tasse de thé. Ils associent la spiritualité aux idées religieuses considérées comme archaïques. Pour eux, être spirituel signifie : être résigné ; être isolé du courant dominant ; s'imposer toutes sortes de souffrances ; arrêter de s'amuser, de chanter et de danser ; être prêt à se sacrifier (c'est à dire abandonner ce que l'on aime et souhaite garder) au profit d'un étranger. Votre premier souci n'est plus votre propre bien-être mais le soulagement de la souffrance des autres ; il s'agit de donner et non pas d'obtenir.

Voilà comment la plupart des gens comprennent la spiritualité, d'une manière qui n'est certainement pas conforme au caractère humain. Les êtres humains ont leurs raisons et l'esprit qui raisonne ne peut pas travailler sous contraintes. Il ne peut pas être plié ou sacrifié à une idée quelconque, et si l'on insiste, le résultat est un conflit entre les idées et les actions.

Par 'spirituel' nous préfèrons entendre : 'relatif à la conscience de l'homme'. Etre spirituel, c'est alors être conscient de soi ainsi que des autres, des animaux et de la nature, des pensées, mots et actions. et vivre/travailler en accord avec ce principe. Etre conscient du fait que notre vie est un 'tout' continu pour le bien ou pour le mal. Chaque jour, année et décennie de notre vie est un cumul de tous les jours passés. Chacun(e) est libre de repenser ses choix, de changer la direction de ses actions, et le cas échéant, chacun(e) est même libre de réparer les conséquences de ses actions. Mais il n'est pas libre d'y échapper.

Ainsi, la spiritualité mène les hommes et les femmes vers un monde juste et conscient. Un monde où l'on doit choisir ses actions, ses valeurs et ses buts selon ce qui est juste pour les êtres humains et pour la nature. Dans toute relation il n'y a pas de sacrifice car selon les choix disponibles, si l'on décide de servir les autres ou de lutter contre l'injustice ou d'être satisfait au niveau intellectuel ou d'être en paix, alors il ne s'agit pas d'un sacrifice.

Sarfaraz Khan (Inde)

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Citoyen du monde à l'aube du troisième millénaire
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Cher Monsieur,

Suite à la lecture de Caravane (Septembre 98), il m'est venu la réflexion que voici :

En cette fin de siècle, le monde a besoin d'une praxis cohérente, d'un engagement réflechi. Mais pour une praxis cohérente, il faut avant tout, chacun là oú il est, faire la lecture du monde. (...)

Cela doit commencer par une analyse lucide de soi-même et d'une critique sans complaisance de nos propres idéologies, des mouvements et associations auxquels nous appartenons. Se poser aussi la question de savoir si sans nous, sans nos idéologies, le monde cesserait d'exister. Il faut analyser de manière lucide notre manière d'être dans le monde. Notre manière d'être pousse assez souvent au combat idéologique. (...)

Il est aussi important d'analyser les relations internationales, la coopération internationale. Il convient de lire de manière lucide et honnête le vécu réel des institutions internationales comme l'ONU, la Banque Mondiale ou le FMI. Analysons aussi les multinationales, les compagnies industrielles, les organisations capitalistes qui font et défont les sociétés de cette planète. Ce sont là des 'Etats dans les Etats' qui ont une mainmise sur le monde. Une analyse lucide du monde laisse apparaître une sorte de 'gouvernement mondial' qui préside aux destinées du monde. Et nous sommes impuissants devant son action. " Tous les êtres humains naissent égaux " mais d'autres ont le droit de véto. (...)

A cela s'ajoute de nouvelles religiosités qui pullulent et s'acharnent à détruire les grandes religions historiques. Ces religiosités poussent comme des champignons. il faut aussi les analyser pour découvrir le but, la clé de ces nouvelles théologies sans Dieu et sans les hommes.(...) Ces nouvelles spiritualités endorment les consciences, les violent, les abusent. Elles poussent à oublier des situations difficiles du vécu quotidien dans lequel sont plongées les populations. Les syncrétismes religieux gagnent du terrain. Ils déroutent à plus d'un titre par cette prétention à dire qu'ils font la synthèse de toutes les religions. Voilà un aspect de la conscience mondiale à l'aube du troisième millénaire : arriver à une religion universelle. Quelle prétention !

L'autre idéologie du troisième millénaire est celle du pouvoir, de la volonté de puissance, de l'avoir, de la jouissance et du vouloir vivre - la mainmise des multinationales sur l'économie mondiale, l'exploitation abusive des matières premières dans les pays du tiers-monde, les peuples du tiers-monde sacrifiés et abandonnés à leur propre sort, les couches pauvres victimes du capitalisme sauvage - derrière laquelle parfois nous nous trouvons nous-mêmes, ou alors nos sociétés d'origine. Et chaque jour nous travaillons avec eux. Nous utilisons l'argent qu'ils nous offrent, nous sommes à leur service tout en les dénoncant. Mais notre dénonciation est sans impact réel.

(...) Le moment est venu d'être éveillé et surtout d'être très attentifs et de ne pas se laisser engloutir par de nouvelles théologies sans l'Homme et sans Dieu. (...)

A l'aube du troisième millénaire, on parle de 'mondialisation'. Qu'est-ce que la 'mondialisation' si une masse de la planète ne sait ni lire ni écrire leur nom ? Comment parler de 'mondialisation' quand un tiers de la planète a faim et soif ? Quand une multitude n'a pas accès aux soins de santé primaire ? Comment penser la 'mondialisation' quand des milliers d'enfants sont ouvriers dans les chantiers et les usines ?

Nous, nous parlons de 'culture de la mort' qui est la culture mondiale. Il s'agit de la culture de la haine, du cynisme, de la violence, de la drogue, de l'assassinat, de la guerre, de l'exclusion, de la culture des réfugiés, des embargos commerciaux, de l'exploitation des biens de la Terre pour des petits groupes, du rejet des sans-papiers, de la culture de 'l'abattoir'. Et le monde actuel observe la culture de la mort comme un spectacle sans rien dire parce que le monde actuel est le père de la 'culture de la mort'. Devant les massacres à grande échelle, les épurations ethniques, les génocides, l'on se tait ou alors on se contente de condamner verbalement de tels actes. On le fait au nom des intérêts géopolitiques et économiques. (...)

Autre manifestation de la 'culture de la mort'. Dans les zones équatoriales et sub-tropicales, on est étonné d'entendre parler de protection de l'environnement. Les forêts sont détruites chaque jour par de grandes compagnies internationales ; les populations de ces régions dans la pauvreté regardent leur environnement se détruire en spectateurs passifs ; ils voient leur bois partir sous d'autres cieux. Et on leur parle de protection de l'environnement !

Le troisième millénaire sera dur et difficile parce que des masses de jeunes y entrent mais sans le comprendre. Ce seront là des victimes innocentes de notre époque, parce que la 'culture de la mort' en a voulu ainsi. La 'culture de la mort' est la bombe d'Hiroshima du troisième millénaire, préparée par la communauté mondiale, le 'gouvernement mondial', et les grands décideurs de ce monde. (...)

L'hypocrisie de notre époque est une des clés de la culture du troisième millénaire. Nous sommes tous citoyens de la Terre, citoyens de la mondialisation, citoyens de la 'culture de la mort', protecteurs de l'environnement humain! Destructeurs! Tous!

Moïse Tam (Sénégal)
Animateur d'un Foyer culturel
destiné aux enfants pauvres et réfugiés.

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Pinochet enfin...
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Avec toute ma concentration, j'écoutais les infos à la BBC, n'arrivant pas d'abord à y croire, et puis une floppée de souvenirs m'a envahi...

Un groupe d'ouvriers avec leur radio collée aux oreilles écoutant ce qui serait les derniers mots de El Companero Presidente...

Deux chasseurs à réaction en route vers le Palais du Président passant au-dessus de notre usine et nous bombardant...

Mes companeros dans l'usine, les larmes aux yeux, brûlant leur cartes d'abonnement aux partis de Unided Popular...

Dans les trois premières minutes du couvre-feu une petite enfant est fusillé à côté du ballon qu'elle voulait récupérer au milieu de la rue...

Les rangées de cadavres des travailleurs qui n'ont pas pu atteindre leur maison, surpris à découvert par le couvre-feu...

Des nuits blanches passées apeuré et tremblant caché dans la cave de la maison d'une famille qui a pris le risque de garder ce 'gringo' juqu'à la fin du couvre-feu...

Les histoires horribles de mutilation et de torture me donnant froid dans le dos...

Les démarches pour m'amener à l'ambassade en cachette...

Pinochet n'est pas seulement responsable de centaines de miliers de tortures et de meurtres, du génocide de ses adversaires politiques, de miliers de disparitions et de l'agonie qui s'ensuit. Il est également responsable d'avoir trahi son pays et la démocratie dont son pays était fier en se vendant au plus offrant comme mercénaire.

Il doit être jugé. On doit le pousser sur le devant de la scène et l'obliger à faire face à la vérité, celle d'avoir manipulé une fière armée et de l'avoir transformé en un instrument sanguinaire dans le seul but de défendre les investissements de l'occident et un système qui était la cupidité incarnée.

Je rend hommage aux juges espagnols et les remercie d'avoir déclenché un nouvel espoir pour le monde.

Félicitations à tous les companeros, surtout à toi, Gustavo Marin.

Theodorus Van Loon (Fr. Mario)

Père Mario est un ancien prêtre ouvrier d'origine hollandaise qui se trouvait au Chili au moment du coup d'Etat de Pinochet en 1973 en tant que syndicaliste dans une usine autogérée. Il réside depuis 25 ans aux Philippines aux cotés de Bishop Labayen, fondateur de 'The Church of the Poor'.

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... Enfin, Pinochet
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Le texte-poème de Mario est formidable et profond.

Toutes les racines de mes cheveux me grattent en ce moment. C'est incroyable comment en me rappelant ces événements, je me transforme en désert, en volcan, en cordillère des Andes, en lac, en fleuve, en océan, en archipel du Sud, en oiseau du Nord, en Mapuche...

Et je me souviens de mes compagnons et de mes compagnes qui ont été tué(e)s par la dictature de Pinochet, et mes yeux se remplissent de larmes, ma bouche s'ouvre grande et mes mains n'arrivent pas à la cacher.

Et soudain la porte du métro s'ouvre et je sors sur le quai de la Gare du Nord plein d'énergie et de joie.

Merci. Un fuerte abrazo,

Gustavo Marin*

* Gustavo Marin est un ancien prisonnier politique chilien qui a bénéficié du soutien d'Amnesty International. Il vit en France depuis plus de quinze ans où il s'occupe du Programme Avenir de la Planète à la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l'Homme (FPH). A ce titre, il participe a la construction de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire.

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© 2000 Alliance pour un monde responsable et solidaire. Tous droits réservés. Mise à jour le 24 mai 2000.