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logo globe     Caravane: Lettre de Liaison de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire
Numéro 4 Octobre 1999

Sommaire
bulletCourrier des allié(e)s
bulletEditorial
bulletAlliance en Mouvement
bulletOasis de l'Alliance
bulletCHARTE DE LA TERRE
 · Troisième Pilier
 · Proposition du Conseil de la Terre
 · Proposition Carrefours Humains
 · Considérations
 · Réponse d'Asie du Sud
 · Proposition d'Asie du Sud
 · La Freedom Charter en Afrique
bulletSOS MER ET PECHE
bulletArtiste Invité
bulletL'Equipe
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CHARTE DE LA TERRE
La Charte de la Terre vue d'Asie du Sud

Ce n'est pas une surprise si beaucoup d'entre-nous à la réunion de Bangalore (avril 1999) ont trouvé le texte de la Charte de la Terre un peu éloigné de nos préoccupations immédiates. Immanquablement, nous nous sommes aussi posés la question de savoir comment ses objectifs nobles seraient mis en ouvre ; un défi qu'une des participantes a exprimé de la manière suivante : " J'ai amené le texte de la Charte de la Terre aux enfants des rues avec lesquels je travaille. Non seulement, ils n'ont pas compris le propos de la Charte, mais ils m'ont ri au nez et dit : 'Madame, ce à quoi nous pensons est notre prochain repas, et ensuite aux habits et à un abri.' Tout ce propos sur la sauvegarde de la planète leur était incompréhensible. ".

L'ironie de tout ça est que l'objet principal de la Charte de la Terre est précisément ce que les enfants des rues réclament à corps et à cris : nourriture, habillement, logis - et bien plus - santé, sécurité, dignité et paix pour tous, et un avenir durable pour notre planète. Sans l'approbation d'un document tel que la Charte de la Terre, la vie des enfants des rues, des paysans sans terre, des populations tribales et aborigènes, des pauvres et des exclus, ne vaudra pas la peine d'être vécue. Nous nous sommes aperçus alors que la capacité à faire ce lien entre les enjeux globaux tels qu'énoncés dans la Charte de la Terre et les réalités de terrain allaient être un des prochains enjeux de l'Alliance.

Dans le même temps, il est apparu clair que la Charte, au moins dans sa forme présente, était éloignée de nous pour des raisons évidentes. La réalité est que l'Asie du Sud compte le plus grand nombre de pauvres dans le monde. Ces personnes, comme nous le savons trop bien par nos contacts personnels avec eux, ne sont pas oisives, immobiles, malhonnêtes, improductives ou incompétentes comme nombre de soi-disant experts l'ont cru. La plupart d'entre elles sont des travailleurs laborieux, honnêtes, qualifiés et pragmatiques. Dans ces conditions, pourquoi continuent-ils à rester pauvres et à la traîne ? C'est un système économique mondial basé sur l'exploitation et l'iniquité, hérité de siècles de capitalisme et de colonialisme, qui, nous croyons, est au moins en partie responsable de leur condition.

Le monde a bel et bien changé et de nombreuses opportunités s'ouvrent à nous, en Asie du Sud, pour contrebalancer les déséquilibres dont nous avons hérités. Mais le monde dans lequel nous vivons semble toujours plus rude et compétitif que jamais. A la fois économiquement et culturellement, les Asiatiques du Sud paraissent sur le point de capituler devant l'ordre global qui les a condamnés à la pauvreté. Ainsi, pour beaucoup d'entre-nous en Asie du Sud, La Charte de la Terre résonne comme le rêve de quelques privilégiés qui n'ont pas à se soucier des nécessités de la vie. Ce qui manque à ce texte est un engagement pour un ordre économique mondial plus juste et solidaire. Peut-être s'agit-il d'une critique très injuste de ce magnifique document, humain et visionnaire, mais étant donné la souffrance de l'Asie du Sud, des gestes concrets pour une plus grande égalité économique auraient été bienvenus.

Je voudrais conclure sur une note personnelle. J'ai lu la Charte de la Terre pour la première fois sérieusement lors d'un voyage en bus de Jaïpur à Delhi. C'était le soir et l'autoroute était complètement bloquée. Le chauffeur de notre bus usa de divers stratagèmes, parfois dangereux, pour avancer coûte que coûte. Régulièrement, je voyais des véhicules renversés et des accidents terribles. Hélas, l'Inde a été rattrapée par la modernité. C'est là, par cette nuit triste et suffocante, évoluant dans ce chaos terrifiant, que la Charte de la Terre m'a frappé comme un document visionnaire et annonciateur, qui a le potentiel de nous sauver d'un destin tragique certain. Il m'est apparu comme le travail d'hommes et de femmes exceptionnels et doués, qui inspirés par la vertu et la bonté, travaillent à sauvegarder notre avenir. La Charte de la Terre me semble être un geste sans précédent de la part d'une Humanité assiégée et plongée dans les ténèbres pour trouver une voie de sortie de la crise dans laquelle elle s'est elle-même engouffrée. A travers tout le bruit, la poussière, la pollution et la lutte effrayante qui régnait sur l'autoroute de Jaïpur à Delhi, mon esprit s'est élevé. Oui, peut-être y a t-il de l'espoir après tout ; peut être les Dieux ne nous ont-ils pas totalement abandonnés ; peut-être quelques hommes et femmes bien inspirés peuvent-ils travailler ensemble pour améliorer la destinée humaine ; et peut-être le temps est-il enfin venu pour inverser le cours des choses. Je pus difficilement contenir mon excitation, mais quand je vis les visages de mes passagers de route, je n'ai rien décelé d'autre que lassitude et anxiété. Je me suis empêché de me lever et de leur crier que j'avais dans les mains ce qui pourrait être le moyen de changer nos vies. J'ai cependant prononcé une prière silencieuse, comme un remerciement pour celles et ceux qui rêvent d'un avenir meilleur, comme une supplication pour que leurs efforts - ou devrais-je dire nos efforts - portent leurs fruits bientôt.

Makarand Paranjape (Inde)

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© 2000 Alliance pour un monde responsable et solidaire. Tous droits réservés. Mise à jour le 24 mai 2000.