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Cultures, Religions, Citoyenneté et le processus du Parlement Mondial

(Original en anglais. Version française légèrement révisée)

« Nous sommes non à la fin de l’histoire mais à la fin d’une phase de l’histoire et nous avons maintenant à écrire ensemble une nouvelle page, celle de la construction d’une communauté internationale, capable de combiner unité et diversité à tous les niveaux, du local au mondial, capable de maîtriser et orienter les forces puissantes de la science et du marché, capable de se doter des règles, des institutions, des représentations et des méthodes lui permettant d’assurer son développement et son harmonie à long terme. » Les principes de la gouvernance au 21ème siècle (document de « L’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire » )

Au delà du local et du global

Ce n’est qu’un cliché quand on dit que le global et le local sont les deux côtés d’une même pièce. Cela signifie qu’ils sont égaux et participent dans un terrain de jeu égal. Et pourtant, le global pèse excessivement sur le local, il brise de façon insensible les cultures et les institutions locales, et les replace avec de nouvelles valeurs et institutions qui n’ont pas de légitimité aux yeux de la plupart des gens ordinaires. Le global risque d’oblitérer le local et de le remplacer avec des copies hybrides orientées vers le marché, qui sont instables et confuses. Cela a à son tour des conséquences négatives pour les forces et les institutions globales dominantes. Le grand défi consiste à pousser le global vers un mode d’écoute et promouvoir la mise en place d’un dialogue avec les institutions et les cultures locales.

La citoyenneté planétaire signifie que l’individu peut s’élever au-dessus des limites étroites que sont les castes, la dimension ethnique, la religion, la langue, la région et la nation pour agir dans l’intérêt de l’ensemble de la communauté mondiale. En pratique, cela ne signifie pas pour autant que ces catégories ne soient pas importantes et qu’elles ne méritent pas considération. Mais le résultat final est qu’ils ne sont pas prises en considération dans les grandes narratives du développement. En fait, les événements globaux actuels nous rappellent que ces perceptions et ces valeurs culturaux représentent la vraie substance de la vie et que toute tentative de créer une communauté globale sans eux serait vraiment dangereuse. Les fondamentalismes taliban et chrétien, hindou et juif sont des exemples évidents qui montrent ce risque. Tout cela montre que les institutions globales modernes, avec leurs valeurs d’homogénéisation, doivent dialoguer / négocier avec des orientations locales culturelles / religieuses pour l’intérêt du bien commun. Comment est-ce que nous pouvons faire cela si le terrain de jeux n’est pas égal ? Comment faire cela en respectant l’intégrité des cultures spécifiques ? Ce sont des aspects importants dans les défis à prendre en considération face au processus pour le Parlement Mondial.

Tandis que le local et le national sont souvent à la merci du global, l’opposé c’est également vrai. Le local et le national peuvent être également fixés par avance. Par exemple, est-ce qu’on peut confier en l’Inde et le Pakistan, avec des bombes nucléaires, si les deux pays traversent des variations de nationalisme religieux et culturel qui peuvent partiellement les éblouir avec les dangers d’une attitude nucléaire téméraire ? La question est bien sûr plus complexe, et l’Inde et le Pakistan ne désarmeront pas à moins que des plus gros mouvements pour le désarmement global se développent. On ne peut permettre à certains pays la possibilité de garder des armes nucléaires, tandis qu’on demande aux nouveaux membres de ce club aléatoire de désarmer.

De même, nous devons étudier les problèmes de l’écosystème himalayen en mettant de côté les intérêts individuels de chacun des pays concernés : Népal, Chine, Inde et Bengladesh. Tous ces pays doivent se regrouper afin de trouver ensemble des solutions aux problèmes de la manque d’eau, des inondations et de la déforestation. Pour l’instant les intérêts nationaux (et la léthargie politique) des pays intéressés provoquent un processus antagoniste plutôt que dialogique. Dans un processus antagoniste chaque côté avance ses demandes et espoirs pour maximaliser ses gains. Un processus dialogique a la possibilité de mettre tous les faits sur la table pour montrer que les questions qui concernent l’écosystème doivent être négociés dans son intégralité, sans laisser de côté des sérieuses questions concernant l’environnement qui sont impliquées. Dans les deux cas des solutions émergeront à partir d’un approfondissement du processus de la société civil à travers de discussions participatives. Ces discussions peuvent être simultanément impulsées à partir des niveaux local, régional et international. Ces impulsions multiples pour le dialogue vont créer des intersections participatives pour l’éclaircissement et l’action.

la citoyenneté au niveau local est très liée à la notion d’autosuffisance de la communauté. La notion de républiques villageoises que Gandhi avait développée implique que l’autosuffisance prenne sa source au niveau local. Ce qui ne peut pas être produit au niveau local peut alors l’être au niveau national ou international. Mais il doit y avoir eu au préalable un réel effort pour produire localement. Dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ce processus a été inversé et la dimension locale est souvent niée du fait de son incapacité à produire la majeure partie de ses besoins. Dans de nombreux cas, même la dimension nationale est délaissée et la production des besoins élémentaires a lieu hors des frontières du pays concerné. Quel sens peut alors prendre la notion de citoyenneté si la production et le contrôle des besoins élémentaires d’une personne lui échappe entièrement !

La vérité face au sens

De notre expérience en Asie du Sud, on s’aperçoit que la pratique de la citoyenneté restera faible tant que nous n’aborderons pas les questions relatives à la culture et à la religion. De plus en plus en effet, l’identité d’une personne est exclusivement perçue en termes culturels plutôt qu’en termes de citoyenneté. A mesure que l’identité qui devienne religieuse de plus en plus, souvent sans aucun référent séculier, les conditions favorables à un conflit sérieux apparaissent. En partie la raison de cette situation actuelle c’est qu’il n’y a pas assez de personnes critiques à l’intérieur des groupes religieux, qui pourraient faire balancer l’équilibre vers des perspectives pluralistes et démocratiques (en ce qui concerne, bien sûr, notamment l’Asie Du sud).

Un autre problème est que la minorité d’intellectuels séculiers bien-pensants a abandonné l’arène de la religion. Beaucoup d’intellectuels séculiers partagent un point de vue semblable à celui de Jawaharlal Nehru, le tout premier d’Inde. Pour Jawahartal Nehru, le premier Premier Ministre de l’Inde, la religion représentait une entrave à « la tendance vers le changement et le progrès inhérent à toute société humaine ». Il pensait que la religion s’affaiblirait et perdrait de son emprise lorsque les conditions économiques s’amélioreraient. En réalité, c’est au processus inverse que nous avons assisté en Asie du Sud. Cinquante ans après l’indépendance, l’Asie du Sud connaît de sérieux conflits religieux, que ce soit entre l’Inde et le Pakistan, les Hindous et les Musulmans, les Chrétiens et les Musulmans, les Bouddhistes et les Hindous, etc. Il semble bien que la prédiction d’Emile Durkheim se réalise effectivement : il avait déclaré en 1915 : « La religion semble destinée à se transformer elle-même plutôt qu’à disparaître »

Beaucoup de penseurs séculiers comme Nehru croyaient, et encore continue à croire, que la science est objective et neutre et travaille pour le bien de l’humanité. Le philosophe Maurice Merleau-Ponty a discrédité cette notion en affirmant que « La science manipule des choses et renonce à vivre entre elles. » Ken Wilbur fait une distinction utile entre la science, qui est la poursuite de la vérité objective, et la religion qui cherche à construire du sens. A notre avis il faudrait soupçonner des requêtes de rationalité scientifique, en restant également sceptiques face aux dangers de romantiser le monde des cultures, des spiritualités et des religions. Il n’y a pas d’autre que la création des conditions où la « vérité » et le « sens » communiquent entre eux de façon permanente.

La minorité laïque pensait pouvoir modeler le reste de la société sur ses idéaux profanes. Mais elle réalise aujourd’hui qu’elle a échoué. Malheureusement, le vacarme des fondamentalistes et les communalistes devient plus perçant ces jours, comme leur rhétorique autoritaire et agressive régulièrement gagne plus d’adhérents. Les aspects négatifs de La religion ont trouvé l’expression politique mais le sens d’ouverture et de compassion que la religion manifeste toujours dans son mieux, n’a pas trouvé de terre fertile. Mahatma Gandhi qui avait représenté la liberté, la décentralisation et la gentillesse, avait toujours combiné le séculier et le religieux dans des chemins imaginatifs et innovateurs. Pour lui toute activité démocratique et transformative était gouvernée par ce qu’il considérait ses convictions religieuses.

Il y a quelques décennies, une distinction était faite en Inde entre le laïcisme exclusif et inclusif. Les laïcs inclusifs sont ceux qui peuvent être compatibles avec le rôle et les valeurs des religions et des cultures, même si quelques-uns ne se voient pas comme appartenir à toute communauté religieuse particulière. Les laïcs exclusifs, en revanche, relèguent agressivement les cultures traditionnelles et les religions aux poubelles de l’histoire, elles sont vues comme des obstacles qui disparaîtront finalement. En Inde les extrémistes religieux sont appelés « fondamentaliste » par la foule séculière. A son tour les fondamentalistes religieux font référence aux laïcs exclusifs comme des « fondamentalistes laïcs »séculiers. Ce qu’il faut faire c’est d’allumer l’esprit du laïcisme inclusif. En même temps nous devons encourager parmi les différentes religions et cultures pour le renouvellement théologique et culturel qui rehaussera le processus de démocratisation, pluralisme, justice sociale et protection de l’environnement.

Les discours séculier et culturel / religieux doivent être ensemble pour un dialogue progressif afin que l’un puisse informer et enrichir l’autre. La compréhension laïque de la société a contribué beaucoup en insistant sur la séparation entre la religion et l’état. Il a aussi étendu le royaume de la liberté humaine. Les religions ont contribué beaucoup à stimuler la compassion, la justice sociale et un sens de communauté. Négativement, quelques versions du laïcisme ont mené à un gaspillage de l’âme, où les êtres humains ont devenu confuses au sujet même du sens de l’existence. De la même façon, l’aveuglement de quelques types de conviction religieuse a mené a déclencher une violence terrible. Cela ne devrait pas nous mener à refuser ni les idéaux séculiers ni les valeurs religieuses. L’idée de citoyenneté doit harnacher maintenant activement tout ce qui est bon et positif dans les traditions laïques aussi bien que dans les traditions religieuses.

Dans ce sens notre programme espère faire face carrément aux dilemmes culturels de la citoyenneté, plutôt qu’à les éviter. Nous voulons commencer le processus à l’échelle du panchayat (unité de l’autonomie locale), l’unité d’auto-gouvernance la plus basique. Au même temps, nous espérons mener la discussion vers les échelles nationale et internationale.

Concrètement cela veut dire que des discussions sur la gouvernance, la démocratie et la citoyenneté débutent à l’échelle locale. Il veut dire aussi avec que tous les symboles culturels et religieux locaux sont « mis en dialogue » pour traiter de faire prévaloir l’idée de la citoyenneté, de la démocratie et d’un éventuel Parlement Mondial. Cela devra évidemment, être fait dans des voies qui respectent la diversité de cultures. Ce processus ouvre la possibilité aux interprétations dialogiques qui fortifient et renforcent les communautés locales.

Vers une herméneutique participative de l’espoir

L’herméneutique, comme l’ontologie du comprendre, traite de l’interprétation. Le défi est de comprendre aussi vraiment et profondément et respectueusement que possible nos cultures et entraînements démocratiques. L’ouverture critique est importante à ce processus et va main dans la main avec le respect et l’empathie pour les cultures. Au-dessus tout c’est une approche qui prend sérieusement la sagesse des gens ordinaires, ceux instruits’ ou "non instruits", "lettrés" ou "illettrés". Dans notre travail nous avons essayé de développer une herméneutique de l’espoir qui soit participative, et ne pas confinée à quelques chercheurs et savants. Beaucoup des gens qui participent à ce processus sont des paysans.

Laissez-moi essayer et expliquer avec une expérience récente de notre processus local de « Fireflies ». Fireflies c’est un ashram (communauté) interculturel localisé dans un village de l’Inde du sud. C’est où j’habite avec un petit groupe de travailleurs sociaux, culturels et environnementaux. Dans onze villages autour de Fireflies (ce qui représente environ 10 000 personnes) nous avons lancé un projet pour renforcer la gestion autonome des affaires publiques au niveau local. La tâche n’a pas été simple car quelques puissants propriétaires de la caste la plus élevée s’étaient complètement approprié le système local du panchayat en s’arrangeant toujours pour y faire élire leurs fonctionnaires. Ils étaient eux mêmes des petits propriétaires de terre, pas très riches, mais qui cherchaient à profiter des possibilités locales d’enrichissement qui était possible à partir d’une fonction publique. Certains se sont épris par le pouvoir qu’ils obtiennent comme fonctionnaires locaux du panchayat. Un très petit nombre était motivé par des inquiétudes authentiques d’élevage de leurs villages. Tous ces chefs locaux s’étaient alignés avec un ou autre parti politique. D’habitude, ils ne tenaient jamais des réunions du panchayat du village pour décider les programmes de développement a entreprendre ainsi comme le budget à être utilisé. Les décisions étaient prises dans les maisons des élus sans la participation de la communauté du village. Quand une route était construite ou un égout réparé, ils obtenaient son bénéfice financier. Nous avons essayé de commencer un processus de « conscientisation » mais la plupart des gens soit ils ont réagi de façon cynique soit ils se sont sentis impuissants, bien que beaucoup d’entre eux souhaitaient que les choses devraient changer.

En guise d’illustration, il est utile de citer cet exemple significatif : il y a 18 mois, un agent foncier (en fait un vrai requin !) de la ville a acheté quelques hectares de terre tout près de Fireflies. De façon tout à fait illégale, il a clôturé l’un des lacs du village et l’a comblé avec de la terre à l’aide d’un bulldozer. Il y a quatre petits lacs autour du village et il en a tout simplement fait disparaître un. C’était un véritable crime du fait que le village manquait déjà sérieusement d’eau pour son agriculture et son élevage bovin et ovin. Mais la population locale était trop terrorisée pour protester. Le panchayat était également paralysé. Cet homme avait par ailleurs réussi à soudoyer quelques-unes des autorités du panchayat. Nous avons tenté d’initier une discussion sur les responsabilités de la citoyenneté et de la gestion autonome ; cela a permis à beaucoup de prendre conscience de l’importance de la question mais personne n’était suffisamment motivé pour agir.

Il y a environ un an nous avons participé au lancement d’une discussion sur l’importance des chants au sein des groupes d’entraide entre femmes dans les villages aux alentours. Ces groupes étaient sensibilisés aux problèmes de violence envers les femmes et d’alcoolisme chez les hommes. Ces femmes ont développé de nouvelles compétences leur permettant de mettre en place des activités génératrices d’un petit revenu. Suite à la discussion, les femmes ont exprimé le désir de chanter également lors de leurs rencontres. Elles ont appris plusieurs chants, dont des chants religieux récents ou plus anciens. Elles ont également intégré à leur répertoire des chants traitant de questions sociales ou environnementales.

Le processus d’interpréter ne s’est pas arrêté avec les chansons. Il s’est aussi développé dans des discussions au delà du symbolisme des dieux et déesses du peuple. Ce processus est encore dans ses premières étapes, mais les résultats sont déjà très encourageant. Dans le processus d’interprétation nous avons trouvé que tout de nous faisons des interprétations dans nos vies journalières, surtout quand on affronte des situations sociales et culturelles difficiles. Quelquefois nous ne sommes pas conscients de la mentalité qui se trouve derrière nos interprétations. La partie du processus d’interprétation consiste à faire lumière des processus mentaux qui sont à l’ombre. Par exemple, la structure culturelle des valeurs, est-elle neutre ou est-elle inconsciemment influencé contre les femmes ?. Prendre des risques et questionner le système de culturel local de valeurs, fait partie de l’herméneutique d’espoir. Nous essayons de faire ceci sans polariser les communautés locales dans de conflits de caste, de classe ou de genre. Plutôt cela veut dire qu’il faut prendre le risque d’ouvrir le dialogue. La notion gandhienne de ne pas humilier le côté opposant est un critère important qui peut éviter l’amertume et la vendetta, et mène à un approfondissement du processus de communication, qui gagne sur beaucoup de gens au cours de temps.

En quelques mois, ce groupe de chant est devenu une force importante. Non seulement les femmes chantaient mais elles échangeaient sur les valeurs que ces chants transmettaient. Grâce à cela, elles ont trouvé le courage de résoudre elles-mêmes des problèmes sociaux difficiles. Un des problèmes qu’elle ont ainsi choisi de régler a été le cas du petit lac du village comblé et clôturé par un agent foncier sans scrupules. Environ vingt femmes sont allées rencontrer le parlementaire local qui appartient au parti BJP (le parti nationaliste hindou). Elles lui ont expliqué le problème et lui ont demandé de visiter le village, ce qu’il a effectivement fait quelques jours plus tard. Lors de sa venue, les femmes l’ont emmené voir le lac entièrement remblayé et lui ont expliqué comment les autorités du village s’étaient également compromises aux côtés de l’agent immobilier véreux. Le parlementaire a aussitôt demandé à voir les cartes du village et lorsqu’il a constaté que le lac avait effectivement été clôturé et comblé, il a demandé aux femmes de ramener de chez elles des outils et de démolir les poteaux de la clôture. C’est exactement ce qu’elles ont fait. Le parlementaire a ensuite désigné l’organisation des femmes comme étant l’instance dorénavant responsable des lacs du village. Il a promis une aide financière pour permettre la restauration de ces lacs.

Le mouvement de la chanson combine la ’vérité’ des conditions objectives de déchéance sociale et écologique avec le « sens » lyrique-spirituel qui lui permet d’avoir une vision. La transformation de la société à travers de la pratique démocratique et de la bonne gouvernance ne peut pas être gênée par le cynisme et le désespoir si les sources de la créativité culturelle et spirituelle peuvent couler.

C’est un défi qui affrontent toutes les sociétés d’aujourd’hui : comment surmonter les limitations d’un discours social purement logique qui est incapable de vaincre l’indifférence et le cynisme de notre temps ? Si le processus de transformation ne relie pas avec nos émotions, sensations et sens d’émerveillement le plus profonde, alors il n’a aucune signification pour nous. Nous pouvons bien nous vendre aux enchantements de la société de consommation parce qu’elle nous offre quelques significations, bien que trompeuses, défaitistes. Une praxis sociale, culturelle et spirituelle transformative doivent intégrer le sacré et le séculier, le rationnel et l’intuitif, la prose et la poésie, la marche et la danse, le parler et le chanter. Notre imagination doit nous aider à passer d’une conscience qui est trop rationnel à un qui rapporte l’enchantement d’une utopie réaliste et pratique. Et il n’y a pas meilleure utopie pratique que travailler pour la réalisation du Parlement Mondial - la culmination d’un processus participatif qui inclut és échelles locale, nationale, régionale et internationale !

Pour aller à un autre exemple de praxis culturel - la fête de Ganesh, le dieu à tête d’éléphant, sans doute le plus aimé et le plus populaire des dieux indiens. Il est pour moitié éléphant (la moitié supérieure) et pour moitié humain (la moitié inférieure). Des festivités se déroulaient durant une semaine. Il y avait des discussions dans le village à propos de la signification de cette fête de Ganesh. Voici les questions qui ont été posées :

Si Ganesh est le dieu de la connaissance, quelle sorte de connaissance souhaitons-nous avoir ? Est-ce que le pluralisme et l’ouverture en font partie ? Si Ganesh est celui qui lève les obstacles, quels sont ceux que nous rencontrons dans les villages et dans la société dans son ensemble ?

Quelle est notre propre responsabilité en tant que citoyens pour parvenir à dépasser ces barrières sociales ? Quel est le rôle du panchayat ? Devrions-nous envisager l’existence du Parlement mondial, même si cette idée est totalement nouvelle pour nous ?

Si Ganesh est à moitié animal, à moitié humain, cela signifie qu’il représente le lien entre le monde de la nature et le monde humain. Que faisons-nous pour préserver notre environnement ?

Nous avions cette fois-là, à Fireflies, une statue de Ganesh de près de deux mètres, non peinte. Habituellement, toutes les représentations de Ganesh sont recouvertes de peintures toxiques, contenant du plomb. Au 9ème jour de la fête, Ganesh est plongé dans un lac ou une rivière, avec toute sa peinture toxique ! Les trois villages autour de Fireflies se sont alors engagés à n’avoir que des statues non peintes de Ganesh pour l’année suivante. Nous avons mis notre propre Ganesh sur un char à bœufs. Ananda a pris place sur le char tandis que le reste d’entre nous marchions derrière. Nous avons traversé trois villages et cela nous a pris plusieurs heures du fait que nous devions nous arrêter à chaque maison pour transmettre la bénédiction du dieu. Finalement, vers 22h30, nous l’avons immergé dans le lac du village, bien rempli grâce aux pluies abondantes.

Cette expérience montre que cette « herméneutique de l’espoir » participative et plurielle, est importante pour développer la citoyenneté et intégrer le processus du Parlement Mondial dans les cultures et religions locales. Nous sommes prudents face d’un côté, le dialogue respectueux de l’intégrité des cultures, et de l’autre, les points de tension avec la relativement nouvelle vision de la pratique démocratique.

Nous croyons aussi que le Parlement Mondial, quand il devient une réalité, ne sera pas la fin d’histoire. Ni le laïcisme ni la foi religieuse peuvent voir ce but comme exclusif, ou comme une fin lui-même. L’immensité du ciel, la notion du vide, le son de l’eau qui ride à travers d’une vallée, l’expérience de l’amour - ce sont vrais buts de l’existence humaine.

Les buts de ce processus sont :

1. Initier un processus sensible de re-appropriation culturelle pour intégrer les convictions culturelles et religieuses dans le renforcement de la citoyenneté, le pluralisme, la démocratie locale et la vision d’un Parlement Mondial.

2. Re-interpréter les festivals et les symboles religieux avec les gens. Encourager le renouvellement théologique orienté vers la citoyenneté et la société civile, dans toutes les religions.

3. Donner des pas pour initier un processus simultanément national et international avec des groupes et mouvements disposés.


LES AUTEURS

Siddhartha
Siddhartha habite à Bangalore, dans le sud de (...)
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