La description ci-après n’est pas complète. Nous tenons à vous informer de ce que nous avons pu faire en peu de temps.
Plusieurs organisations de la société civile palestinienne et aussi en Israël sont particulièrement actives en ce moment. Il faut souligner que sans leur présence nous ne pourrions pas faire grande chose. A Jérusalem, distante seulement de 15 km de Ramallah, il est possible de parler avec les gens et de circuler sans difficultés majeures. Il ne faut pas oublier cependant qu’à Jérusalem même, le vendredi 12 avril en fin d’après-midi, une bombe portée par une jeune palestinienne a explosé dans un marché de la rue de Jaffa, très centrale, faisant huit morts et une soixantaine de blessés.
Voici une liste non-exhaustive d’organisations rencontrées :
Les médecins et le personnel de l’hôpital de Ramallah. Il est important de manifester la solidarité à Ramallah même auprès du bâtiment où restent encerclés Arafat et les internationaux. Il est également important de pouvoir manifester cette solidarité auprès des médecins, des blessés et des malades qui restent aussi encerclés à l’hôpital de Ramallah. Nous avons pu rencontrer longuement le Directeur de l’Hôpital et d’autres médecins qui nous ont raconté en détail la souffrance des Palestiniens de Ramallah depuis le 29 mars.
Il y a aujourd’hui peu de blessés dans cet hôpital, contrairement aux premiers jours de l’offensive israélienne où les blessés affluaient. Beaucoup de gens sont morts au cours de ces premiers jours, pas seulement des blessés mais aussi des gens qui venaient à l’hôpital pour des raisons de maladies graves ou même d’accouchement et qui ne pouvaient pas recevoir les soins nécessaires (en particulier les diabétiques). Les médecins de l’hôpital n’ont pas le droit de sortir, sauf dans les ambulances. Ils sont ravitaillés par la population locale lorsque le couvre-feu est levé pendant quelques heures tous les trois jours environ.
Lorsque nous leur avons demandé : combien temps pouvez-vous tenir ? Avez-vous assez de médicaments et de matériel pour une occupation longue de la ville ? Leur réponse était nette et précise : "pour les urgences on peut tenir deux mois, pour résister notre peuple tient depuis déjà cent ans au moins". Mais alors, nous avons posé une autre question (chaque fois que nous posions une question nous nous la posions aussi à nous-mêmes) : que doit-on faire pour nous préparer à ne pas subir une nouvelle tragédie ? Il faut dire que les réponses ne sont pas évidentes, mais nous avons constaté que le fait de poser des questions sur l’avenir aide à respirer un peu... comme si réfléchir sur le long terme aidait à faire face au court terme...
Jérusalem Media Communication Centre. Ce centre publie un bulletin quotidien de presse et un rapport hebdomadaire d’analyse de la situation en Palestine. C’est aussi un centre de recherches et d’analyse d’opinion particulièrement précieux car il a déjà publié de nombreux travaux aussi divers que l’analyse des forces politiques, la gestion de l’eau, la situation démographique, l’urbanisation de Jérusalem et d’autres villes palestiniennes, la situation dans les zones rurales, etc. Leur site web est très fourni : www.jmcc.org
Law Society. The Palestinian Society for the Protection of Human Rights and the Environment. C’est l’une des associations palestiniennes les plus actives dans la défense et la protection juridique des Palestiniens. Elle cherche sans relâche à entrer dans les camps palestiniens détruits par l’armée israélienne pour retrouver les morts et les survivants. Elle organise des délégations pour entrer dans ces camps ainsi que des réunions et conférences de presse en lien avec Amnesty International, Lawyers without Borders, Human Rights Watch, Médecins sans Frontières, la FIDH et d’autres réseaux internationaux de défense des droits. www.lawsociety.org
Nous avons aussi rencontré une association similaire du côté israélien : B’Tselem, The Israeli Information Center for Human Rights in the Occupied Territories.
SHAML, Palestinian Refugee & Diaspora Centre. Association basée à Ramallah qui travaille notamment sur la question du retour des Palestiniens des camps de réfugiés des pays environnants et de la diaspora palestinienne. Cette association se penche sur l’ensemble des questions qui se posent pour rendre possible le droit au retour des Palestiniens, depuis les questions de la viabilité économique de ce retour jusqu’à la mise en place des structures d’accueil, en passant par la résolution des questions politiques et juridiques. www.shaml.org
Service Culturel Ambassade de France. Il est significatif de constater comment ce service, confronté à la nécessité d’acheminer l’aide d’urgence directement aux Palestiniens dans les camps détruits par l’armée israélienne, fait tout son possible pour continuer à appuyer, en plus, les initiatives d’artistes palestiniens, de groupes culturels, des universitaires pour sauvegarder la richesse artistique et intellectuelle de la Palestine. Il peut paraître déplacée de faire attention aussi, dans ce moment de détresse et de survie du peuple palestinien, à la dimension artistique et culturelle. Or, celle-ci est indispensable, non seulement pour garder l’espoir et donner toutes ses chances aux expressions culturelles de la résistance, mais aussi pour tisser de nouveaux liens avec le peuple israélien et contribuer à faire comprendre aux Israéliens qu’il est insupportable de chercher à bâtir une société sur l’anéantissement d’une autre.
Nous soulignons l’importance du rôle joué par les services culturels français parce que vraisemblablement les contributions d’autres services d’autres ambassades peuvent jouer un rôle significatif, ainsi que les représentants d’organismes multilatéraux, notamment l’Unicef.
Peace Now, la Paix Maintenant. C’est le mouvement qui depuis la guerre de 1967 mobilise au sein même de la société israélienne les secteurs partisans de la Paix. Nous avons pu rencontrer également quelques animateurs de Gush Shalom, un autre mouvement très actif dans la mobilisation contre la guerre, contre l’occupation et pour la paix. Un autre groupe met également l’accent sur les manifestations conjointes entre Palestiniens et Israéliens : The Peoples Peace Campaign. Comme ceux-ci il existe de nombreux groupes en Israël, l’un de plus significatifs étant le groupe de refuzniks et des objecteurs de conscience.
Il n’est pas nécessaire de dire que des tensions existent entre ces divers mouvements et qu’ils n’ont pas toujours rassemblé leurs efforts dans le passé, les uns accusant les autres de ne pas suivre la bonne direction. Mais ils sont conscients que leurs efforts sont encore très embryonnaires et que toutes leurs initiatives sont bonnes pour chercher à mobiliser la société israélienne contre la guerre lancée par Sharon.
Université AlQuds, université palestinienne des hautes études qui travaille également avec le Centre for Jerusalem Studies et le Centre d’Education Communautaire. Plus de 5.000 étudiants participent aux activités pédagogiques animées par ces deux institutions. www.jerusalem-studies.org
Réunions avec des parlementaires palestiniens et israéliens. Avec la délégation des parlementaires brésiliens ainsi que d’autres parlementaires de Belgique, de France, d’Italie, nous avons pu rencontrer quelques parlementaires palestiniens et israéliens. Ces rencontres sont aussi importantes pour tisser des contacts en vue de renforcer les liens entres les acteurs susceptibles de se réunir à nouveau et de travailler sur les questions de gouvernance et de renouveau des systèmes de représentation démocratique, là où les conflits armés ne font que bloquer la recherche de la paix.
Par ailleurs, les parlementaires brésiliens ont eu une réunion avec, entre autres, Shimon Pères et des fonctionnaires du Croissant Rouge.
Indymedia et des réseaux de jeunes à Tel Aviv. Indymedia à Tel Aviv fait partie du réseau international de centres de diffusion sur Internet d’une information alternative. L’équipe que nous avons rencontrée, avec peu de moyens techniques, diffuse des informations sur Internet, notamment par la radio, pour essayer de toucher un public plus large. La réunion avec les jeunes israéliens a été fort significative. Christophe Aguiton, Nicola Bullard et Gustavo Marin ont cherché à approfondir la réflexion constatant qu’ils et qu’elles ont deux énormes défis à affronter : soutenir la résistance du peuple palestinien et, en même temps, faire prendre conscience à la société israélienne qu’elle ne doit pas soutenir les guerriers au pouvoir. Le caractère gigantesque de cette tâche est accablant. Mais nous avons essayé de les encourager ; nous leur avons dit que ces deux défis étaient aussi les nôtres et que nous devions rester en contact pour voir comment continuer ensemble. En regardant ces jeunes nous avons pu constater à la fois, une grande faiblesse, mais en même temps des signes d’espoir.
Alternative Information Centre. C’est une association particulièrement active pour assurer les liens avec les internationaux et les diverses délégations qui arrivent en Palestine. Elle joue un rôle clé de circulation de l’information et de renforcement des liens entre les Palestiniens et les Israéliens partisans de la paix.
La marche vers Jénine le samedi 13 avril. Il est important de souligner que depuis le 29 mars, diverses manifestations ont eu lieu à Tel Aviv, à Jérusalem, voire à Ramallah. Elles sont fortement réprimées par l’armée israélienne notamment par des bombes de gaz lacrymogène, des bombes sonores et aussi des tirs. Certaines rassemblent seulement quelques dizaines de manifestants. Celle du samedi 13 avril vers Jénine était particulièrement significative parce qu’elle a rassemblé près de 3.000 personnes, dont la majorité était des Israéliens, et s’est dirigée vers Janine devenue la ville symbole de la barbarie de l’armée israélienne.
Jusqu’à présent cette armée n’a pas tiré contre les manifestants et provoqué un massacre. Les organisateurs ont fait très attention à éviter les débordements et les provocations. Cependant, selon les mêmes organisateurs, le danger d’un massacre est réel et doit être soigneusement évité pour ne pas paralyser la résistance pacifique.
Conférence de presse. Le dimanche 14 avril à Jérusalem nous avons donné une conférence de presse. Etaient présents : Dennis Dyn-Hansen (Etats-Unis, Mouvement de Solidarité Internationale), Christophe Aguiton (France, Attac), Nicola Bullard (Thaïlande, Focus on Global South), Robert David (Canada, Alternatives), Gustavo Marin (Chili-France, FPH) et José Moraguès de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien. Les délégués brésiliens ainsi que d’autres délégués italiens et belges n’ont pas pu assister à cette conférence de presse ; certains s’étant rendus à Ramallah au moment de la visite de Colin Powell à Yasser Arafat.
Nous avions diffusé un communiqué de presse conjoint aux participants parmi lesquels se trouvaient des journalistes du Jérusalem Post (Israël), du Nouvel Observateur (France), du Financial Times (Royaume Uni) et de la Republica (Italie)..