Inauguration de la caravane africaine et ouverture des débats
Cape Town, Afrique du Sud, 26-30 juin 2000

Une semaine à Cape Town, 26-30 juin 2000.

La caravane africaine pour la Paix et la Solidarité a démarré à Uluntu Centre à Guguletu, un township près de Cape Town habité par la communauté Xhosa. Le représentant du maire de Cape Town a prononcé un discours de bienvenue et a déclaré que c’était un honneur pour Cape Town de recevoir la caravane. " Des liens plus forts devraient être construits avec les autres villes africaines ". C’est avec de la musique et de la danse qu’est inauguré l’événement. Des groupes de jeunes ont chanté et dansé sur des rythmes sud-africains devant une soixantaine de personnes présentes. Une très grande émotion s’est emparée des participants qui sont venus du monde entier pour assister à la cérémonie d’inauguration. Le Togo, la République Démocratique du Congo, l’Algérie, la Tunisie, le Burundi, le Kenya, le Mozambique, le Zimbabwe et le Sénégal étaient représentés. Des représentants d’autres continents étaient aussi présents : la France, la Belgique, le Chili, l’Argentine, l’Inde et le Liban. Sans aucun instrument de musique ou parfois munis d’un seul, les jeunes artistes nous ont fait vibrer avec leur seule voix et la magie de leur corps.

La semaine passée à Cape Town une réunion a été organisée par " Mediation and Transformation Practice ", qui intervient dans le domaine de la résolution des conflits. L’organisme est représenté par Clayton Lillienfeldt, Craig Arendse et Sedick Crombie. Les débats ont été organisés autour de trois grands thèmes :

- Gouvernance, citoyenneté et renouveau politique

- Mouvements sociaux en Afrique

- La charte africaine pour la paix et la solidarité

Au cours des débats le rôle et les objectifs de la caravane africaine ont été renforcés. La caravane doit faire face à des défis majeurs : analyser, comprendre les origines des conflits, réfléchir à une intervention efficace et réfléchir à développer une théorie africaine de la résolution des conflits, ou développer une culture de résolution des conflits qui soit constructive et enracinée dans la société.

La semaine s’est achevée par la venue du Député Maire de Cape Town qui nous a remis, avant notre départ pour Johannesburg, 31 lettres que nous devons transmettre à tous les autres maires des villes que nous allons traverser : " Please take this message to our brothers and sisters in Africa that we can start holding hands to build United Africa and one of the way is through the Caravan ". (Je vous prie de transmettre ce message à nos frères et sœurs en Afrique afin que nous commencions à nous tenir par la main pour construire une Afrique Unie. L’un de ces chemins se construit à travers la Caravane).

 

Robben Island, symbole de la caravane

Le début de la caravane est marqué par une catastrophe écologique. Une marée noire a envahi les alentours de Robben Island dans l’Océan Atlantique. Changement de programme. L’accès à l’île est interdit. La délégation n’a pas pu s’y rendre le lundi 26 juin comme il était prévu, mais le jeudi 29.

C’est à partir de ce lieu symbolique où Nelson Mandela, héros national et faiseur de paix, a été emprisonné que la caravane africaine pour la paix et la solidarité commence sa longue route. L’hymne national d’Afrique du Sud a été chanté avec beaucoup d’émotion et la première poignée de sable a commencé à remplir le tambour, symbole de la caravane.

La visite de la prison de Robben Island a été commentée par Lionel Davis, ex prisonnier politique entre 1964 et 1971, camarade de prison de Nelson Mandela, qui lui-même y a passé 18 ans et 6 mois de sa vie entre 1964 et 1982. Ces années sont connues comme étant les plus dures. Les atrocités les plus violentes y ont été commises. La prison était divisée en deux sections : 16 cellules collectives différentes où étaient regroupés jusqu’à 80 prisonniers politiques et de droit commun dans une seule cellule. Il y avait aussi un bâtiment préfabriqué, appelé "la prison en zinc " où étaient emprisonnés les prisonniers politiques namibiens. Ce bâtiment a été détruit quelques années plus tard et remplacé par un terrain de sport. La deuxième section regroupait les leaders d’organisations politiques ou ceux qui étaient considérés comme les instigateurs de la résistance. Ils n’étaient pas autorisés à se mélanger avec le reste de la population carcérale.

Nelson Mandela était dans l’une de ces cellules qui faisait 2 mètres sur 2,50 mètres, sans toilettes, si bien que les prisonniers utilisaient un sceau avec un couvercle qu’ils vidaient tous les matins. La violence et le mépris des geôliers étaient sans conteste. L’une des punitions les plus atroces commises par les geôliers était d’enterrer les prisonniers dans le sable jusqu’au cou et de leur uriner sur la tête. Signe de mépris et d’humiliation, jusqu’où l’être humain peut-il aller ?


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