Anglais Espagnol Rencontre Europe Rencontre Monde Arabe Rencontre Asiatique Rencontre Américaine Assamblea Múndial Alianza Rencontre Africaine Accueil Objectifs Thématiques Contacts 21 juin 2001 Calendrier Monde > Bibliothèque > Document

Jacques Berthelot : "L'agriculture, talon d'Achille de la mondialisation "
Livre de 509 pages, N° IBSN : 2-7475-0453-0 - Editions L'Harmattan

Résumé


La négociation du nouvel Accord agricole à l'OMC représente un enjeu considérable, s'agissant de garantir la sécurité alimentaire quantitative et qualitative, et plus largement l'équilibre social et environnemental, de toute la planète. Mais elle se heurte à la mystification théorique entourant les concepts de protection, de prix mondial et de distorsions dans les échanges, toute idée de protection à l'importation étant présentée comme l'horreur absolue à bannir totalement.

Les pays occidentaux doivent éliminer très vite toutes les formes de dumping lié à leurs subventions explicites et implicites aux exportations agroalimentaires afin de garantir le droit des peuples à produire leurs aliments de base, mais le Sud doit reconnaître que ce droit vaut aussi pour le Nord.

Puisque tout soutien agricole, interne ou à la frontière, est protectionniste au sens où il confère des avantages de compétitivité aux produits nationaux par rapport à ceux des pays tiers, la protection à l'importation est la forme de soutien la plus solidaire pour les produits
agroalimentaires de base dans tous les pays. Parce que c'est la seule forme de soutien accessible aux pays pauvres, faute de budget pour des soutiens internes. Parce qu'elle est infiniment plus transparente pour les pays tiers que les soutiens internes. Parce que c'est la seule façon d'avoir une politique agricole basée sur les prix du marché -mais du marché intérieur et non du marché mondial- alors que les aides directes font des agriculteurs européens et américains des assistés permanents rentiers de l'Etat.

Au delà de la lutte frontale entre Etats-Unis et Union européenne pour la conquête des marchés agricoles, nos deux compères ont façonné l'Accord agricole de l'OMC en fonction de leurs intérêts et de leurs produits mais l'ont imposé au monde entier. Pourtant ils camouflent une bonne partie des soutiens internes qu'ils auraient dû notifier à l'OMC.

Le livre dénonce aussi les accords de libre-échange négociés entre l'Union européenne et les pays du Sud, les risques de l'élargissement pour les paysans d'Europe orientale et souligne la nécessaire nouvelle réforme de la Politique agricole commune pour une agriculture réellement
multifonctionnelle. Ce qui nécessite une forte mobilisation de la société civile car l'agriculture est une activité trop sérieuse pour continuer à la laisser façonner par les seuls lobbies des syndicats agricoles majoritaires et des firmes agroalimentaires.

Extrait de la Préface de Jean-Marc Boussard,
Directeur de recherches à l'INRA et membre de l'Académie d'agriculture
 


"Pour beaucoup de gens, la prétention des agriculteurs, de nos jours, à un régime d'exception relève d'un corporatisme étroit et désuet, le ringard d'un passé révolu. Peut-être, autrefois, au temps des famines, fallait-il encourager l'agriculture, et lui accorder une place particulière dans les politiques économiques. Mais maintenant que tout le monde a de quoi manger, il importe de laisser le marché souverain exercer son rôle dans l'allocation des ressources aux tâches les plus urgentes, et aux productions les plus demandées. Ce raisonnement… aboutit à des conclusions fausses, parce qu'il est basé sur des prémisses fausses. C'est ce que démontre Jacques Berthelot.
D'abord, il est tout à fait faux qu'il existe de quoi manger partout. Tous les jours, dans le tiers monde, et même dans les pays développés, des gens meurent de faim, ou sont très mal nourris… Une situation aussi inacceptable devrait au moins conduire à relativiser l'idée selon laquelle "il n'existe plus de problème agricole".
Mais cette situation ne vient-elle pas elle-même du fait que l'on ne fait pas assez confiance à la libéralisation ? Un marché libre mondial ne permettrait-il pas de mieux faire coïncider l'offre et la demande, évitant tout gaspillage dans une utilisation harmonieuse des ressources ? Justement non, répond Jacques Berthelot, et il a pour cela des justifications que le lecteur découvrira au fil des pages, mais desquelles je crois bon de dire qu'elles sont ancrées dans la théorie économique la plus rigoureuse et la plus moderne -à la différence de celle des "libéraux", qui s'appuient pour l'essentiel sur des théories antérieures à la "grande crise" de 1929.
Aussi bien -et c'est le troisième message que cherche à transmettre l'auteur- il ne faut pas croire un instant que les avocats du "libéralisme" soient eux-mêmes très libéraux. Avec de nombreux exemples, fort bien documentés, il montre comment les différentes "boîtes" multicolores de l'OMC ne servent en réalité qu'à recouvrir des politiques essentiellement
dirigistes, orientées de plus en fonction des intérêts des pays "dominants" -en tout cas, de ceux que croient identifier leurs bureaucrates, qui n'ont pas toujours des vues très larges de leurs intérêts à long terme…. Tout cela est puisé aux bonnes sources, bien articulé, bien argumenté, et constitue une mise au point indispensable au citoyen soucieux d'exercer ses prérogatives démocratiques".

Extrait de la Préface de José Bové,
Porte-parole de la Confédération paysanne :
 

"L'OMC n'a aucune légitimité - au nom de la liberté du commerce - à déterminer les besoins alimentaires des populations, en quantité et surtout en qualité et contenu culturels. Elle peut éventuellement, dans un cadre international complètement réformé, contribuer à l'adoption de règles pour un commerce équitable au service du développement des pays les plus pauvres. Et ces règles de l'OMC doivent se soumettre au respect des droits fondamentaux inscrits dans la déclaration universelle des droits de l'Homme, en particulier les pactes pour les droits économiques, sociaux et culturels. Les oublier ou les ignorer, c'est oublier et ignorer que tout homme sur terre a droit à la Dignité, ce qui signifie non seulement l'accès aux droits fondamentaux d'égalité et de liberté, mais aussi aux conditions de vie économiques, sociales et culturelles, indispensables pour l'exercice de ces droits.
Le livre que vient d'écrire Jacques Berthelot s'inscrit complètement dans ces objectifs. Il n'est pas un pamphlet anti-mondialisation, mais un véritable et solide réquisitoire, précis et accablant contre la dérive des politiques agricoles de la quasi totalité des pays riches refusant
d'envisager l'agriculture et l'alimentation sous l'objectif de la satisfaction des besoins et de la prise en compte des intérêts et de la volonté des peuples et des paysans".

Mis à jour le