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logo globe     Caravane: Lettre de Liaison de l'Alliance pour un monde responsable et solidaire
Numéro 5 avril 2000

Sommaire
bulletCourrier des allié(e)s
bulletEditorial
bulletAlliance en Mouvement
bulletOasis de l'Alliance
bulletCHANTIER JEUNES
bulletAsie du Sud '00-'01
bulletCHANTIER YIN-YANG
 · Pour en finir avec le patriarcat
 · L'atelier à New Delhi
 · Partager le public et le privé
 · L'Homme politique
 · Citoyennes militairement
 · Construire la paix au féminin
 · La Conférence de la Haye
 · La culture au service de la paix
 · Une identité civile
 · Les femmes à la télévision
 · MHS - Brésil
 · Ethique Féministe
 · Masculinité profonde
 · Partenaires
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Chantier Yin-Yang
Comment partager le public et le privé
Une expérience de travail dans les quartiers populaires du Grand Buenos Aires

Dans le cadre de l'Alliance pour un Monde responsable et solidaire, en tant que participants de l'atelier Yin Yang de New Delhi (février 1997), nous avons commençé, hommes et femmes de différentes régions du monde, à réfléchir sur la recherche de l'équilibre dans les relations de genre.

Durant 1998 et 1999, nous avons développé à Buenos Aires, une proposition tendant à continuer la réflexion dans laquelle s'impliquèrent activement femmes et hommes provenant autant du milieu académique que de secteurs populaires en voie d'appauvrissement, tous impliqués dans l'amélioration des conditions de vie et dans l'obtention d'un meilleur équilibre dans les relations homme-femme. Une rencontre finale a eu lieu en août 1999 à Bueno Aires.

Dans ce processus, nous nous rencontrons femmes et hommes, chacun collaborant à partir de nos propres lieux, accompagnés et fortifiés par l'énergie et le souffle de Nadia Leïla Aïssaoui, animatrice du chantier Yin Yang de l'Alliance sur les relations Homme-Femme.

Le premier pas...

Comme premier pas, nous avons généré un espace de réflexion et d'échanges afin de pouvoir capter les expressions de la vie quotidienne dans leur dimension contradictoire et multiple ; dimension qui reflète les apprentissages depuis l'enfance, la réalité du présent et finalement la grande espérance dans le futur, dans le changement. C'est ainsi que nous avons commencé ce processus avec des questions ouvertes laissant libre cours à la créativité et la spontanéité.

La réalité actuelle. Comment nous nous voyons et comment on nous voit ?

  • Comment nous plaçons-nous femmes et hommes face à ces nouveaux rôles que nous devons assumer ?
  • Quelles sont les principales motivations pour nous occuper de tâches hors du domaine domestique, qui se développent dans le secteur de l'activité communautaire ?
  • Quels sont les gains et les pertes face à cette sortie ?
  • Que signifie être femme et être homme aujourd'hui ?
  • Quelles choses voulons-nous changer et comment allons-nous nous y prendre pour faire ces changements ?

Comment nous résolvons les conflits et les difficultés dans les relations ?

  • Quelles sont les choses que nous négocions, comment le faisons-nous, avec qui négocions-nous ?
  • Quels changements se produisent à partir du moment où nous commençons à assumer d'autres rôles ?
  • Comme femmes, sommes-nous disposées à accepter les changements que ces nouvelles actions nous proposent ? En tant qu'hommes, sommes-nous disposées à les accepter ?
  • A quelles stratégies recourons-nous pour solutionner les conflits ?

***

La détérioration des conditions de vie des dernières années nous a amenée, nous les femmes, à chercher de nouvelles façons, modes et stratégies de lutte contre l'inégalité sociale. Pour les femmes, la discrimination de genre est intimement liée à la discrimination de classe ; non seulement ce sont les femmes qui cherchent des espaces de participation publique, mais en plus ce sont des femmes pauvres. Du processus parcouru, il nous reste des interrogations pour poursuivre notre chemin mais il nous reste aussi des témoignages et des propositions.

« Nous sommes en train de gagner de l'autonomie individuelle. A travers notre vécu, nous sommes en train d'apprendre à établir des liens entre nous, à reconnaître nos désirs, à respecter la différence, à lutter pour notre droit à ne pas être discriminées. »

A partir de l'entrée dans le domaine public (social et/ou politique), il se produit à l'intérieur des familles, un changement dans les relations de pouvoir. On perçoit des différences dans l'identité et l'estime de soi qui sont attribuées à cette sortie et « fuite du lieu », que les autres appellent le lieu domestique.

En écoutant quelques-uns de ces témoignages, il ressort que ces femmes ressentent un grand besoin de s'impliquer, en occupant une place plus centrale dans les objectifs politiques et sociaux. La place de simples spectatrices n'est plus acceptée. Elles veulent participer avec la possibilité d'intervenir dans les décisions.

« La participation politique 'nous a ouvert la tête'. Nous mettre en contact avec d'autres groupes de femmes nous aide à ne pas nous sentir si seules dans la pauvreté. Nous nous sommes améliorées dans notre façon de nous organiser collectivement et nous avons réussi à croître de façon solidaire. Nous sentons qu'aujourd'hui nous sommes en train de nous donner la capacité de nous battre pour un espace de décision. Nous sommes en train de commencer à nous reconnaître comme des dirigeantes de quartier. »

La participation politique partisane est perçue comme une structure de pouvoir « avec un modèle masculin » d'organisation, où les décisions et les postes publics de pouvoir sont occupés par des hommes. Dans les témoignages, apparaissent quelques stratégies pour négocier avec l'homme, tel que la persévérance, l'observation et se donner le temps pour reconnaître ce que nous appelons « les règles du jeu de l'autre ».

« Tant dans la sphère privée que publique, nous sommes en train de travailler la nécessité de perdre la peur du conflit et le désir d'apprendre à rendre visible ce que nous faisons. »

Pour la majorité, la participation publique et politique provoque des conflits à l'intérieur de la famille. Quelques-unes constatent que cette participation est seulement possible à des moments déterminés ou à des étapes précises de la vie : femmes seules, femmes séparées, avec de grands enfants ou ayant peu d'obligations domestiques. On ressent que la militance de la part de la femme est ressentie par l'homme (couple - enfants) comme une menace à l'équilibre domestique, mais pas la participation à une activité communautaire qui pourrait se voir comme un prolongement du rôle traditionnel de la femme (soin des enfants, cantines communautaires, etc.).

« Pour nous, demeurer dans la sphère publique a ses coûts. Nous devons prouver notre compétence. Nous devons franchir des étapes pour notre intégration et négocier non seulement avec les hommes mais aussi avec quelques femmes. L'espace public est très compétitif et l'intégration d'une nouvelle compagne est vécue de façon conflictuelle de la part d'autres femmes ».

Comment demeurer dans l'espace public malgré les obstacles et les pressions ? Devant cette interrogation, surgissent quelques stratégies : demeurer fermes avec les propositions, en ne tenant pas compte du boycottage auquel on peut être confronté ; se préparer et s'approprier le savoir ; ne pas s'isoler, créer des liens avec d'autres femmes, s'organiser comme groupe et faire sentir la pression du nombre.

Rosa Lavecchia (Argentine)

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Réunion dans le quartier La Fe,
Monte Chingolo - Lanùs, 29 juin 1999

Nous avons pris conscience de choses que
nous étions en train de vivre...

« Nous sommes un groupe de femmes avec une militance politique et sociale dans un quartier dont les conditions de vie sont hautement détériorées. Cette situation nous amène à chercher des formes de participation communautaire pour améliorer notre qualité de vie. Nous considérons qu'afin de pouvoir participer, nous avons besoin de nous organiser pour rendre ainsi plus visibles nos demandes.

Si nous pouvons reconnaître que la participation publique est tout ce que nous réalisons à l'extérieur de la maison, nous ressentons que le politique franchit aussi le seuil du privé. Nos motivations pour commencer à participer furent seulement celles d'améliorer les conditions de vie de notre quartier, toujours en pensant comme groupe. En cours de route, nous nous sommes rendues compte que nous avions aussi besoin d'une reconnaissance à un niveau personnel.

Aujourd'hui, nous savons qu'en plus de vouloir atteindre nos objectifs communautaires, nous avons des désirs et aspirations personnels autant dans le domaine social que dans le domaine politique. Nous sommes actuellement motivées par l'envie d'apprendre, d'être reconnues et respectées et d'améliorer notre auto-estime.

Comme partie de ce processus, nous découvrons que cette participation nous permet aussi de commencer à nous rendre indépendante économiquement renforçant notre autonomie en tant que femme. »

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© 2001 Alliance pour un monde responsable et solidaire. Tous droits réservés. Mise à jour le 25 avril 2001.